Huguette TANGUY, une grande dame
Huguette Tanguy est avec Claude Sugny une des mémoires vivantes du début de l’aventure Handisport. Dans sa 94ème année, elle restait la doyenne du monde fédéral. Elle aura connu, fondé et animé une multitude d’activités liées à son éclectisme et à son engagement socioculturel.
Présentation :
Arrêt image sur cette figure emblématique de notre Mouvement.
Née Huguette Grandmougin le 23 avril 1924 à Paris 8ème elle y poursuivit un début de scolarité entrecoupé par l’occupation allemande durant la seconde guerre 39/45 qui fit déménager toute sa famille à Lyon où elle finira sa scolarité et y passera son baccalauréat philosophie à la Faculté de Lettres de l’Université de Lyon en 1943.
Touchée par la poliomyélite à l’âge de 2 ans, cela ne l’empêchera pas de mener une vie sociale et professionnelle on ne peut plus normale, malgré des séquelles importantes.
Issue d’un milieu parisien d’intellectuels et de musiciens, elle accompagnera ses frères cadets dans leurs différents parcours et, c’est par l’intermédiaire de l’un d’eux, invalide de guerre, qu’elle fera la connaissance de Philippe Berthe et l’accompagnera à la mise en place de la première fédération sportive.
Parcours :
En 1946 elle remportera le premier prix de violoncelle du Conservatoire National de musique de Dijon, ce qui l’emmènera, de 1948 à 1955, à participer à différentes tournées orchestrales à l’Etranger au sein d’un orchestre de musique de chambre. Le violoncelle la conduira ensuite à la viole de gambe qu’elle pratiqua longtemps et conserva, accroché à son mur, en souvenir un « dessus de viole ».
En 1958 elle préparera une licence de droit à la Faculté de Droit de Paris, durant des cours du soir. Journaliste de profession, carte de presse n° 18.738, elle s’impliqua avec opiniâtreté dans la propagande et la médiatisation de la Fédération, certes avec grande difficulté et énormément de freins et de tabous. Et c’est tout naturellement qu’elle devint plus tard la rédactrice en chef des publications du mouvement Handisport : « ASMF Magazine », « Second Souffle » puis « Handisport Magazine ». Combattante de chaque instant, Huguette Tanguy fit bénéficier la Fédération de son réseau politique et social avec une ferveur et un investissement unique.
Mais Huguette collabora en tant que secrétaire de rédaction à de nombreuses autres revues telles que : « Techniques et Applications du pétrole » (éditions techniques et littéraires), « Sciences » (éditions scientifiques Hermann) et quelques collaborations libres dans différentes revues. Elle fut également rédactrice en chef de différentes revues techniques éditées par les Editions de la Cour des Fermes, et également de la « Gazette du Cercle Nautique EGF et de l’Etang de Saint-Quentin en Yvelines ».
Femme de lettres, Huguette Tanguy fut également écrivain et auteur de nouvelles.
Depuis 1981 elle était membre du conseil d’administration de l’Institut Mondial de lutte contre l’analphabétisme et secrétaire général de « Romano Yekhipe France » (organisation non gouvernementale internationale, dépendant de l’ONU, qui défend la culture et la langue tzigane), et en 1984 elle sera nommée plénipotentiaire de Romano Yekhipe auprès de l’UNESCO.
Elle était à la retraite depuis janvier 1989.
Le sport et la dirigeante sportive :
Durant sa rééducation, elle découvrira et pratiquera la natation et le vélo et, quelques années plus tard la voile, qui fut une vraie passion pour elle.
Avant de s’impliquer dans le monde sportif, Huguette était un membre actif de l’Association des Paralysés de France et au moment de la création de l’Amicale Sportive des Mutilés de France
(ASMF) en 1954, elle était déjà une sportive accomplie. Elle restera membre élue du conseil d’administration de l’ASMF jusqu’en octobre 1965.
Elle fut la première Secrétaire Générale de la première Fédération co fondée en commun en 1963 avec Philippe Berthe tout en étant dirigeante de l’ASMF, installée dans des locaux d’une seule pièce, mis gracieusement à disposition par l’Association Rhin et Danube, situés au 33 rue Paul Valéry à Paris dans le 16ème arrondissement, en contrebas de l’immeuble appartenant à Rhin et Danube, dont les fenêtres donnaient à mi hauteur au ras du trottoir, sans grande luminosité.
En tant que Secrétaire Générale de la FSHPF (1ère fédération handisport) elle était l’interface du Secrétariat d’Etat aux Sports et négocia les premières subventions publiques fédérales et parallèlement fut une cheville ouvrière active dans la rédaction des statuts de ce qui allait devenir la FFSHP.
Mais ses activités furent multiples, qu’on en juge :
Dès 1962, elle fut déléguée pour la France auprès du Conseil International de sports pour les handicapés physiques (ISOD), créé en collaboration avec la Fédération mondiale des anciens combattants.
Co fondatrice en octobre 1965 de l’Association Sportive des Handicapés Physiques de la Région Parisienne (ASPAR) avec un autre grand nom du Mouvement, Pierre Cochard. Petite anecdote amusante : à cette époque, Huguette possédait une « légendaire » 2 CV Citroën et Pierre une Renault 4L. Eh bien, ce sont eux deux en compagnie et l’aide effective de Christian Paillard qui déménagèrent dans leur propre véhicule, après les avoir désossés de leur intérieur, tous les dossiers, archives et mobiliers des locaux parisiens de la Rue Paul Valéry, 1er siège historique de l’ASMF et de la toute première Fédération, pour les transférer dans les locaux de la rue Pierre Grenier à Boulogne-Billancourt, nouveau siège de la Fédération.
Passionnée de voile, elle co fonda en 1977 l’association Navisport qui lancera en 1990 le premier bateau entièrement équipé et aménagé pour les personnes en fauteuil roulant.
De 1978 à décembre 1981, elle fut responsable nationale de la commission des sports nautiques de la Fédération Française Handisport et de 1979 à 1981, responsable nationale de la commission intendance au sein de l’Association nautique du Bessin, dans le Calvados.
Huguette Tanguy était une femme exquise, modeste, courtoise, chaleureuse, distinguée et d’une culture rare, bel exemple du savoir qui donnent les belles manières de l’élégance d’esprit.
Atteinte du syndrome post polio, Huguette vivait dans la résidence « les jardins d’Arcadie » à Saint-Maurice, dans le Val de Marne.
La patrie Handisport doit à cette grande dame, exemplaire, humaniste et altruiste, fidélité, respect et estime.
Distinction :
Médaille d’argent de la Ville de Paris (elle aurait mérité mieux !)